L’une à revêtu cape de bure et tient bourdon. Elle marche pour le salut d’une âme chère : celle de son père qui, selon la tradition, est lui-même en train d’accomplir par la Voie Lactée le pèlerinage qu’il omit de faire de son vivant. L’autre, chaussures de randonneuse aux pieds et bâton synthétique en main, s’est lancée vers Compostelle comme un aborde un trekking. Mais nul, dit-on, ne résiste au chemin de Saint-Jacques Deux femmes qui, par delà leurs motivations et les siècles, finiront par se rencontrer sur le fameux “Camino”, d’autant plus aisément qu’Yseult Garric accomplit la prouesse de les incarner toutes les deux ! Cette pièce, qu’elle interprète seule sur scène, est le fruit indirect de la thèse de doctorat qu’elle a soutenue sur Compostelle. Son père, l’écrivain Yves Garric, en a tiré pour elle cette émouvante adaptation où la poésie et l’humour le disputent à toute une réflexion richement documentée. Maryse Calvet signe la mise en scène de ce fort divertissant spectacle qui vous donnera peut-être envie, à vous aussi, de vous mettre en chemin... Ce paisible établissement bien de chez nous jouit dans la région d’une solide réputation gastronomique. Sa salle de restaurant, coquette et meublée de façon rustique, sent bon, selon les heures de la journée, la cire d’abeille ou les spécialités locales. Mais voici que depuis quelque temps, un à un, les couverts en argent disparaissent mystérieusement. Alors… Laurette, la serveuse qui n’a pas froid aux yeux, décide de mener son enquête pour découvrir le coupable. Elle va sombrer peu à peu dans une véritable paranoïa et se mettre à soupçonner tout le monde, depuis les touristes de passage jusqu’au FRAYSSOU, le vieux pensionnaire très couleur locale, sans épargner le chef cuistot ou la patronne. Même TRINCOT, le conseiller général, n’y échappera pas. Yseult Garric croque ce microcosme avec une irrésistible drôlerie. Sautant allègrement d’un personnage à l’autre, elle réussit l’exploit de donner à elle seule, l’illusion d’une pleine salle de restaurant. Elle trouve même l’énergie d’offrir en prime un pétillant solo de claquettes. On rit tout au long de la pièce qui compte deux morceaux de bravoure : la présentation du menu Turbo Terroir et celle du plateau de fromage. En guise de bouquet final un dénouement absolument inattendu avec la découverte du coupable. Un spectacle drôle, une irrésistible comédie de mœurs. La meilleure des critiques a été faite par un restaurateur à la fin de la représentation : « Drôlement bien vu ! C’est tout à fait ça ! C’est exactement comme ça que ça se passe certains jours ! » Yseult Garric éprouverait-elle un brusque manque de confiance en soi? Ou alors serait-elle atteinte par quelque subuit accès de fausse modestie ? bref, qu’est-ce qui peut bien lui prendre d’intituler “Jai pas le niveau...” son second spectacle! Il serait difficile d’imaginer qu’un tel aveu puisse concerner son niveau d’études alors même qu’elle vient de compléter par un doctorat de lettres un cursus universitaire brillant. Quiconque l’a vue dans Hôtel de la Terrasse, son premier spectacle, a été impressionné par la performance de comédienne dont elle y fait montre… Bien qu’elle pratique assidûment la scène depuis son plus jeune âge et qu’elle ait décidé de faire de cette passion précoce son métier, Yseult sait parfaitement qu’elle n’en est qu’au tout début d’une carrière où elle apprendra sans cesse. Mais enfin, l’accueil qu’elle a déjà reçu de la part de publics nombreux et divers a de quoi lui donner toute confiance en elle. « J’ai pas le niveau » n’a en fait rien à voir avec un quelconque cri de découragement. C’est le titre en forme de provocation de l’un des sketches qui composent ce spectacle. Yseult y met en boîte cette propension qu’ont de trop nombreux enseignants à décourager leurs élèves en leur assenant, à longueur d’année, des messages négatifs. Message reçu cinq sur cinq par le public, à en juger à ses réactions. D’un sketch à l’autre, Yseult est tour à tour la première femme sur la lune (même là-haut, elle n’arrive pas à oublier complètement les problèmes domestiques de la famille) ; un conducteur de bulldozer passionné par son métier au point de vouloir araser la planète entière ; la directrice de la maison de retraite… des paysans du Larzac (on imagine la sinécure !) ; la dame de la cantine de l’école ou le président du club du troisième âge du village… Elle intercale dans cette panoplie de portraits un étonnant numéro de claquettes sur le thème… mais chut ! Ce sera la surprise … On s’amuse follement durant ce spectacle tendrement décapant qu’Yves Garric a écrit et Didier Albert mis en scène, Irina Radkiewitch ayant assuré la chorégraphie de la partie danses à claquettes. Yseult y confirme ce courage et cette nature de comique qu’elle nous avait déjà si merveilleusement révélés. « J’ai pas le niveau » : un spectacle tout public, à la fois pour rire (beaucoup) et (un peu) réfléchir.

Mes spectacles

Théâtre d’Yseult

J’ai pas le niveau

Hôtel de la Terrasse

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Fiche technique